Décoder les baleines : ChatGPT à la rescousse ?

Illustration stylisée de deux baleines nageant dans l'océan, entourées d'ondes sonores et de motifs numériques, représentant le décodage du langage des cétacés par l'intelligence artificielle.
🎧 Décrypter les baleines : ChatGPT à la rescousse

L’idée de communiquer avec les baleines, ces géants des mers à l’intelligence fascinante, a longtemps nourri l’imaginaire collectif. Si l’on peut apprendre à un chien à s’asseoir sur commande, comprendre les subtilités du langage des cétacés semble relever d’un tout autre défi. Et pourtant, les récents progrès en intelligence artificielle (IA), notamment avec l’émergence de modèles de langage (LLM) tels que ChatGPT, ouvrent des perspectives inédites dans la quête d’un dialogue inter-espèces.

La bioacoustique, discipline dédiée à l’étude des sons animaux, a permis de révéler la complexité insoupçonnée des vocalisations des baleines. Loin de se limiter à des cris primaires, ces mammifères marins s’expriment à travers des “phrases” sonores structurées, organisées selon des patterns répétitifs, à la manière de proto-langages. Des études ont même montré que les chants de certaines espèces, comme les grands dauphins et les baleines à bosse, semblent respecter la loi de Zipf, un principe statistique observé dans toutes les langues humaines.

Si l’IA peut traduire le français en japonais sans dictionnaire, en se basant uniquement sur l’organisation des mots, elle pourrait peut-être faire de même avec les chants des baleines.

C’est cette idée qui a galvanisé des équipes de recherche, comme celle de l’Earth Species Project, une ONG qui s’est donné pour mission de décoder les langages animaux grâce à l’IA. En combinant des enregistrements sonores massifs avec des modèles de deep learning, ils développent des outils capables d’isoler et d’analyser les vocalisations individuelles de différentes espèces.

D’autres acteurs majeurs, comme Google, s’investissent également dans ce domaine fascinant. Via des collaborations avec des instituts de recherche comme la NOAA ou le Wild Dolphin Project, Google AI a développé des modèles pour analyser les chants de baleines à bosse ou de Bryde, principalement pour suivre leurs migrations et mieux les protéger. Plus récemment, le projet DolphinGemma vise spécifiquement à comprendre la structure des communications des dauphins et potentiellement à générer des réponses pour établir un dialogue. Ces efforts, bien que souvent orientés vers la conservation ou l’analyse de motifs, complètent les approches visant une compréhension plus profonde du langage animal.

Grâce aux embeddings, des représentations mathématiques qui encodent le sens des mots en fonction de leur contexte, l’IA pourrait permettre de cartographier les tokens (unités de sens) des chants de baleines dans un espace vectoriel. En comparant ces « cartes » sémantiques avec celles des langues humaines, il serait alors possible de déduire la signification de certains sons, et peut-être même d’engager un dialogue rudimentaire avec ces créatures marines.

Reste que les défis sont nombreux. La quantité de données exploitables est encore limitée, et même si l’IA parvenait à identifier des patterns précis dans les vocalisations des baleines, la validation de leur signification reste une question épineuse.

Pour l’heure, la prudence est de mise. Les chercheurs se concentrent sur des espèces captives, afin de minimiser l’impact potentiel de l’IA sur les écosystèmes marins et de garantir une interaction respectueuse avec les animaux. Mais l’espoir est permis : l’IA pourrait bien révolutionner notre compréhension des cétacés et nous permettre d’entrer dans un nouveau monde de communication avec les animaux.

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